Chroniques

par gérard corneloup

Chœur et Orchestre 19 dirigés par Jean-Philippe Dubor
Stabat Mater Op.65 de Gouvy – Kœnig Stephan Op.117 de Beethoven

Basilique Notre-Dame de Fourvière, Lyon
- 28 mars 2012
Basilique Notre-Dame de Fourvière (Lyon), par Bertrand Bolognesi
© bertrand bolognesi

Avec le chœur et l’orchestre qu’il a créé en 1991, l’organiste Jean-Philippe Dubor se plaît à aborder deux sphères du monde musical et vocal romantique. D’une part, avec une audace… audacieuse et des bonheurs divers, les grandes machines lyriques verdiennes, lesquelles exigent de grandes pointures vocales, d’un (cher) rang international, pas toujours aisées à réunir. D’autre part, tout aussi audacieusement mais avec infiniment plus d’originalité, des partitions nettement moins célèbres dont la renommée resta parfois confidentielle, dont l’existence est aujourd’hui quasiment oubliée et qui ne sont jamais redonnées – même si le terme « création » figurant sur les (nombreuses) affiches parsemant la cité lyonnaise ne semble pas vraiment justifiable en l’occurrence. Néanmoins, il y a là une volonté de ressusciter tout un patrimoine musical, tant français qu’étranger, qui ménage bien souvent d’excellentes surprises au mélomane.

Marginale, la musique de scène Kœnig Stephan Op.117 de Beethoven l’est à coup sûr. Cette partition écrite en 1811 est destinée à enchâsser l’œuvre de circonstance signée August von Kotzebue qui vanta les mérites du roi Étienne Ier, Szent István fondateur du royaume de Hongrie en l'an 1000. Elle comprend une Ouverture en mi bémol majeur, quelques fois entendue au concert, ainsi que neuf parties chantées, jamais donnée, alternant chœurs d’hommes, chœurs de femmes et chœurs mixtes, tel l’éblouissant finale généreusement construit et adroitement mené (Heil unserm Enkeln !). La présence de ces épisodes vocaux, après une introduction enlevée avec fougue, montrent les qualités des interprètes comme celles de l’œuvre.

Avec le Stabat Mater Op.65 écrit par le compositeur franco-sarrois Théodore Gouvy en 1875, le déséquilibre entre la notoriété de l’auteur et cette de l’œuvre est nettement moins marquée : à l’aube du XXIe siècle, les deux sont tout autant oubliés l’un que l’autre. Et pourtant, dans le sage moule de l’oratorio français alors de mise, sans originalité folle, sans effectifs imposants, sans traits flamboyants, bref plus près de Gounod que de Berlioz (lequel saluait volontiers cette musique), la partition habilement construite ménage des espaces sonores, tant orchestraux que vocaux, du plus bel effet.

Sous une direction toujours aussi généreuse, mais par trop frileuse dans la finesse, du maestro Dubor, le soprano Marilyn Clément associe parfaitement musicalité et subtilité alors que, tout à l’opposé, l’émission dissonante et les aigus durcis du ténor Patrick Garayt ne servent vraiment pas la superbe aria qu’il lui faut défende (sans doute le plus beau moment de la pièce, pourtant).

Évidemment demeure le problème du lieu, toujours et impavidement choisi par Jean-Philippe Dubor : la crypte de la Basilique, sans doute l’une des plus médiocres acoustiques de Lyon. Les sons tournent, se heurtent souvent, se fusionnent rarement, se dissolvent et s’anéantissent les uns dans les autres. Quel est donc l’intérêt de ce lieu ? Certes, il y a un parking tout près…

GC