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Rien de mieux pour faire venir le public au concert que d’inviter deux divas, dont on sait que les voix, quoi qu’elles chantent, devraient l’enchanter. Affiche exceptionnelle, donc, pour ce concert à Pleyel, autour d’un programme baroque vénitien sans grande originalité.

En première partie, Anna Caterina Antonacci a offert le Salve Regina de Nicola Porpora, tandis que Sara Mingardo interprétait le Nisi Dominus d’Antonio Vivaldi. En seconde partie, elles étaient réunies dans le Stabat Mater de Giovanni Battista Pergolesi. Elles étaient accompagnées par un orchestre britannique : The English Concert, placé sous la direction de Harry Bicket, qui apparut plutôt comme un simple faire valoir, sans grandes couleurs, mais réalisant une interprétation classique (trop ?) de ces œuvres.

C’est donc sur les deux chanteuses que reposait complètement la soirée. Et c’est probablement Anna Caterina Antonacci qui aura le plus séduit. Véritable tragédienne, elle donne corps et sensualité aux affeti religieux, non seulement par son incandescente présence scénique, mais également par la somptuosité de son timbre, aussi riche que les brocards incarnats des intérieurs vénitiens ou l’émeraude de Véronèse. Sa palette des passions est au service d’un dolorisme vibrant. Des aigus rayonnants, des graves aux ombres palpitantes, que ce soit dans le Salve Regina de Porpora ou dans le Stabat Mater de Pergolèse elle nous a enchanté, malgré une diction parfois un peu hésitante.

Quant au contralto Sara Mingardo, si sa voix unique était très présente, elle est resté trop attachée à la partition, et sembla donc très en retrait. A aucun moment du Nisi Dominus, elle n’est parvenue, son timbre manquant de sensualité, à faire vivre les volutes baroques. Si la belle couleur, sombre et chaude, inimitable, est bien là, des ruptures dans l’intonation semblaient par instant briser tout élan. Il faut reconnaître que le manque de soutien de l’orchestre ne permit aucun dialogue et pas plus de théâtralité.

Dans le Stabat Mater l’union des deux voix n’a fonctionné qu’en partie, alors que les chanteuses se connaissent pour s’être produites de nombreuses fois ensemble. C’est, une fois de plus, Anna Caterina Antonacci qui s’avérait la plus engagée. Enthousiaste, le public a salué les deux divas avec gratitude, malgré un concert en demi-teinte.

MP