Chroniques

par monique parmentier

Atys travesti
parodie pour théâtre de marionnettes de Denis Carolet

Opéra Comique, Paris
- 14 mai 2011

À l’Opéra Comique, chaque ouvrage est programmé dans le cadre d’un mini festival. Cela permet d’assister à des colloques, d’entendre des récitals ou de voir des spectacles de petites formes qui en disent plus long sur la période dans laquelle la grande œuvre programmée vit le jour. Ainsi en va-t-il d’Atys [lire notre chronique du 13 mai 2011]. Parmi ces rencontres qui accompagnent la recréation de la mythique production d’Atys de 1987 par les Arts Florissants, on trouve une parodie pour théâtre de marionnettes : Atys travesti.

La parodie était un genre fort prisé tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, aussi bien dans les théâtres populaires qu’à la cour, voir dans les églises, via les parodies spirituelles. Elle développa son côté satirique en marge de l’art officiel, consacrant bien souvent le succès des opéras de cour, popularisant, comme ce fut le cas pour Atys, des airs qui, repris par tous, entrèrent dans la mémoire collective.

Atys connut un immense succès qui se peut en partie mesurer à l’aune du nombre de parodies auxquelles il donna le jour. Que ce soit sous forme d’airs de vaudeville, de fragments de l’opéra initial intégrés dans des opéras comiques ou de véritables pièces reprenant l’intégralité du livret, il en existe plusieurs variantes. Destiné à un théâtre de marionnettes, l’Atys travesti de Denis Carolet en est une des plus abouties. Son livret transpose une partie du poème de Quinault dans un univers paysan aux environs de Paris. Secondés par des marionnettes, comédiens, chanteurs et danseurs invitent à un spectacle burlesque aussi truculent que soigné.

Dans cette pièce initialement créée à l’occasion d’une reprise de l’opéra en mars 1736 pour son théâtre de la Foire Saint-Germain par Denis Carolet, l’Ensemble des Menus Plaisirs du Roy placé sous la direction du théorbiste Jean-Luc Impe, s’en donne à cœur joie pour démontrer que l’innocence n’est certainement pas un caractère essentiel des relations unissant les personnages d’Atys. Le spectacle est pétillant et use de tous les artifices du burlesque grivois avec un art consommé du théâtre de rue, faisant rire aux éclats un public séduit. Le soprano pétillant qui interprète Sangaride, Catherine Daron, à une très jolie voix et beaucoup d’abattage. Les deux danseurs Guillaume Jablonka et Irène Faste (de la Compagnie Divermenty) sont remarquables, distillant sur pas de danse baroque un onirisme envoûtant.

La reconstitution soignée du castelet, les très élégants costumes en miroir des comédiens et des marionnettes, le charme de l’interprétation musical et la manipulation particulièrement réussie de marionnettes par Christian Ferauge et Louis-Philippe Della Valentina, sont autant de qualités qui font passer la grossièreté des situations. Ce spectacle d’un temps sans télévision permet d’imaginer et de rêver à une autre manière de s’amuser.

MP