Chroniques

par bruno serrou

Arcadi Volodos joue Tchaïkovski
Orchestre de Paris, Rafael Frühbeck de Burgos

Salle Pleyel, Paris
- 5 janvier 2011
tout premier concert du pianiste Arcadi Volodos avec l'Orchestre de Paris
© dr

Le premier concert symphonique de l’année 2011 revient à l’Orchestre de Paris, dirigé cette fois par l’Espagnol Rafael Frühbeck de Burgos, avec, en soliste, le pianiste pétersbourgeois Arcadi Volodos. Au programme : deux pages archi rabâchées de Tchaïkovski, le Concerto en si bémol mineur Op.23 n°1 et la Symphonie en mi mineur Op.64 n°5 qui, pourtant réservent de bonnes surprises.

Pour son premier concert avec cette formation, le soliste affirme un toucher magique, sollicitant un nuancier d’une densité et d’une richesse extraordinaires, avec des pianissimi d’une légèreté et d’une fluidité surnaturelles, mais capable de fortissimi puissants et colorés. Si sa moue est disgracieuse lorsqu’il joue, au point que l’on finit souvent par regarder ailleurs, son jeu est simple et coule avec naturel. Dommage que l’approche du chef reste trop terrienne, rythmiquement empesée, et les tempi trop distendus, l’exécution prenant, au total, huit minutes de plus que la moyenne, jusqu’à créer des décalages, et suscitant des sonorités grasses au point que l’on finit par regretter que Tchaïkovski ait opté là pour un concerto plutôt que pour une immense sonate pour piano seul…

Ne semblant pas vouloir quitter son public d’un soir, Volodos offre trois bis éblouissants, oniriques et arachnéens : une transcription d’une page de Johann Sebastian Bach (puisée chez Antonio Vivaldi), suivie de pièces de Claude Debussy et d’Isaac Albéniz.

Dans la déchirante Symphonie n°5, Frühbeck de Burgos retrouve ses marques, celles qui font de lui l’un des grands chefs de sa génération, dirigeant à soixante-dix sept ans avec un sens de la nuance et de la dramaturgie impressionnant. Si le mouvement initial, abordé avec une lenteur excessive, manque singulièrement d’unité, l’Andante s’avère d’une noblesse et d’une beauté sonore exceptionnelle, ménageant de somptueuses plages de respiration qui permettent aux instrumentistes à vent solistes, particulièrement Benoît de Barsony (cor) et Pascal Moraguès (clarinette – son alter ego Philippe Berrod, sourire aux lèvres, était troisième clarinette) de s’illustrer à satiété. Après une Valse un peu trop sage et désordonnée (Trio), l’exécution s’achève en forme d’apothéose, à l’instar de la prestation de Frédéric Macarez jouant avec maestria des diverses baguettes sur sa triplette de timbales.

BS