Chroniques

par laurent bergnach

récital Trio Mediaeval
chants traditionnels de Norvège

1 CD ECM New Series (2007)
476 6179
récital Trio Mediaeval | chants traditionnels de Norvège

« Nous aimerions que l'on considère cet enregistrement comme notre contribution à une tradition orale et vivante ; quoique ces chansons portent incontestablement notre empreinte musicale, elles sont teintées de toutes les interprétations qui avant nous se sont emparées de ce répertoire. »

Fondé à Oslo voilà dix ans, en 1997, le Trio Mediaeval s'oriente vers trois directions : la musique polyphonique médiévale de France et d'Angleterre, la création contemporaine (Gavin Bryars, Michael Gordon, Julia Wolfe, parmi une vingtaine d'autres compositeurs) et les chansons traditionnelles norvégiennes. Depuis leurs débuts sur scène, les soprani Anna Maria Friman, Linn Andrea Fuglseth et Torunn Østrem Ossum intègrent à leurs concerts ces pièces folkloriques, connues depuis l'enfance, qu'elles se décident à graver aujourd'hui. Principalement collectées après l'indépendance du pays (1814), d'une grande intensité mélodique, elles offrent l'occasion d'explorer un vaste registre d'interactions spontanées, de techniques vocales, de couleurs et d'ambiances.

Ici se mêlent des ballades (Det Lisle Bånet, Villemann og Magnhild, Tjovane, Rolandskvadet, etc.), des hymnes et des berceuses arrangés en partie par les membres du trio qu'accompagne Biger Mistereggen, riche d'une formation classique et de musicien de jazz, avec percussions et guimbarde – jew's harp (harpe juive), à la dénomination contestable.

Si, au profit de la spontanéité, l'interprétation ne vise pas l'authenticité (les anciennes pièces sacrées n'ont jamais été composées à l'attention de voix féminines), il est sûr que le lien entre voix et percussion remonte au moins jusqu'au XVIIe siècle, lorsque la Norvège créa sa propre armée et que chaque régiment souhaitait posséder son tambour – lequel résonnait le plus souvent durant les mariages.

Enrichissant le spectre sonore des polyphonies vocales en les insérant dans tout un réseau de contrepoints rythmiques archaïques, Mistereggen explique : « On a pensé les percussions comme l'élément tellurique qui vient étayer les voix éthérées qui s'élèvent vers le ciel ». Une idée et un résultat que nous avons plaisir à récompenser aujourd'hui !

LB