Chroniques

par laurent bergnach

Max Bruch – Johan Svendsen
Octuor en si bémol majeur – Octuor en la majeur Op.3

1 CD Claves (2012)
50-1207
Bruch – Svendsen | octuors à cordes

Depuis 2007, originaires de pays les plus variés (Allemagne, Bulgarie, Espagne, Italie, Roumanie, Ukraine, etc.), les neuf musiciens de l’ensemble à cordes Thrarice Virtuosi mettent régulièrement de côté leurs obligations respectives pour défendre la musique de chambre la plus large possible, dans la forme (du trio à l’octuor) comme dans le fond (baroque, romantique, contemporaine). Avec pour point commun leurs études à l’Académie internationale de musique Menuhin à Gstaad (Suisse), les violonistes Oleg Kaskiv, Liviu Prunaru, Edgar Pujol, Vlad Stanculeasa et Bogdan Zvoristeanu, les altistes Sophia Reuter et Ettore Causa, ainsi que les violoncellistes Pablo de Naverán et Stanimir Todorov proposent ici des œuvres rares signées Svendsen et Bruch, écrites dans le sillage de l’opus 20 de Mendelssohn – pour d’aucuns remarquable.

Porteur d’un nationalisme nordique dans la Norvège du XIXe siècle – sans toutefois revendiquer l’influence de la génération précédente (Franz Berwald, Niels Gade, etc.) –, musicien à multiples facettes (clarinettiste, violoniste, chef d’orchestre et directeur de l’Opéra Royal de Copenhague) qui joue sous la baguette de son ami Richard Wagner avant de diriger à son tour Carl Nielsen alors connu comme second violon, Johan Svendsen (1840-1911) étudie au Conservatoire de Leipzig, de 1863 à 1867. C’est dans cette ville – où étudia également Edvard Grieg –, qu’il élabore l’Octuor en la majeur Op.3 (1866), dédié à la reine Louise et accueilli par un beau succès. Après deux mouvements assez denses aux contrastes marqués – fermeté énergique et élégie pour Allegro risoluto, bondissements et délicatesse pour Allegro scherzoso –, l’Andante sostenuto s’avère une respiration bienvenue, avec son climat tendrement recueilli non dépourvu d’élévation, qui précède l’allant typiquement germanique du Finale (Beethoven, Brahms, Wagner). L’œuvre préfigure l’ampleur des symphonies et concerti à venir.

S’il est comme Svendsen un élève de Carl Reinecke à l’écart des bouleversements musicaux, Max Bruch (1838-1920) n’écrit pas son Octuor en si bémol majeur durant sa jeunesse, à l’époque du Concerto pour violon Op.26 n°1 (1866/68) qui lui assurerait la postérité [lire notre critique du CD], mais dans les derniers mois de sa vie. Publié seulement en 1996, cet opus posthume vient couronner un catalogue bien fourni dans le domaine chambriste (trio, quatuor, quintette, etc.). Il s’ouvre dans un romantisme heureux, sublimé par une interprétation pleine de santé (Allegro moderato), auquel succède un Adagio poignant, à la manière d’un Schubert piqueté d’accents russes, et s’achève avec un troisième mouvement renouant avec la gaîté initiale.

LB