Chroniques

par samuel moreau

L’héritage de Karl Richter
un portrait de Karl Richter

1 DVD Deutsche Grammophon (2006)
073 4150
L’héritage de Karl Richter, un portrait

Le travail de Karl Richter n'a jamais fait l'unanimité. Certains lui reprochaient ses interprétations douteuses sur le plan historique tandis que d'autres vivaient ses concerts comme une expérience inoubliable.

Né le 15 octobre 1926 à Plauen (Allemagne), fils d'un pasteur, le jeune Richter devient pensionnaire du Chœur de Sainte-Croix de Dresde (1938) où il prend conscience de ses dons musicaux et surtout du sérieux – protestantisme oblige – avec lequel il souhaite aborder cet art. Pour sa formation, il rencontre tour à tour le Kreuzkantor Rudolf Mauersberger (1889-1971), l'ancien cantor de l'Eglise Saint-Thomas de Leipzig Karl Straube (1873-1950), puis le successeur de ce dernier, Günther Ramin (1898-1956) – le second tentant de revenir à des effectifs réduits pour jouer Bach tandis que le dernier encourage le renouveau de l'improvisation.

Convaincu que Händel ouvre la voie mozartienne comme persuadé du lien spirituel entre Bach et Bruckner, Richter se veut un héritier de ces musiciens universels enfantés par les XVII et XVIIIe siècles. À l'instar d'un Mendelssohn traduisant le Maître de Saint-Thomas, il se sent plus proche d'un idéal romantique que des recherches sur l'authenticité menées par Leonhardt et Harnoncourt. Comme le rapporte Matthias Hengelbrock :

« il ne jouait en concert que de robustes et massifs instruments de la firme Neupert, sortes de pianos à cordes pincées dépourvus de résonance qui n'avait pas grand-chose de clavecins, mais convenaient bien à son toucher puissant et élastique ».

Si ce portrait réalisé parTobias Richter en 1986 touche parfois à l'hagiographie, il contient des archives très variées qui nous prouvent le talent de son père à l'orgue, au clavecin ou à la direction de chœur – si minimaliste –, et rappellent qu'avant son décès dans une chambre d'hôtel munichoise, le 15 février 1981 (après un premier infarctus en 1971 et une cécité progressive enrayée grâce à une opération), le musicien aborda même l'opéra avec Gluck. Cet héritage est aussi l'occasion de retrouver le violoniste Leonid Kogan, le flûtiste Aurèle Nicolet et les chanteurs Peter Pears et Dietrich Fischer-Dieskau.

SM