Chroniques

par gérard corneloup

The turn of the screw | Le tour d’écrou
opéra de Benjamin Britten

Opéra national de Lyon
- 11 avril 2014
The turn of the screw, opéra de Benjamin Britten
© jean-louis fernandez

Sur la scène comme dans la fosse de l’Opéra national de Lyon, les soirs se suivent sans se ressembler – le mot est faible... Après avoir vu et entendu la représentation du Peter Grimes qui ouvrait le cycle Britten, avoir été ébloui, fasciné, bref comblé, aussi bien par l’interprétation instrumentale que vocale, par l’efficacité du concept scénique et son développement, on se demande quels qualificatifs il conviendra d’employer pour évoquer l’impact ressenti face à The turn of the screw, second volet de cette trilogie festivalière. Ou plutôt le manque d’impact, de séduction, de conviction, de qualités musicales et scénographiques, qui laissent le spectateur-auditeur très en dehors. Au loin, même.

Évidemment, la nouvelle d’Henry James, revue par Myfanwy Piper, tourne un peu en rond autour de ces deux enfants perdus dans un lointain manoir désertique à souhait, isolés là par un tuteur aussi lointain qu’intraitable et n’ayant comme « protectrice » qu’une gouvernante en prise de fonction, le tout au milieu des ombres, apparitions et autres fantômes, bien évidemment inévitables dans tout manoir britannique de la grande époque.

Une lecture, donc une vision cohérente, parlante, tendue, soutenue, pourrait lier tout ces éléments, faire se croiser ces vies, ces douleurs et ces espérances. Ce n’est vraiment pas le cas avec la mise en scène imaginée par Valentina Carrasco (costumes de Nidia Tusal, décors de Carles Berga et lumières de Peter van Praet). Ce ne sont qu’éléments disparates qui bougent et bougent encore, chaises et meubles qui grimpent aux cintres avant de retomber, sous-sols genre farfouille, toiles d’araignées encombrantes e tutti quanti.

De son côté, la direction d’acteurs n’en est pas une, qu’il s’agisse des deux gamins Miles et Flora, chantés par Remo Ragonese et Loleh Pottier (tous deux issus de la maitrise « maison »), de la Gouvernante de Heather Newhouse, à la phraséologie point toujours pleinement compréhensible, ou du Narrateur, ici Andrew Tortise, dont le texte en prélude manque de relief. Seule Katharine Goeldner s’en tire bien en Mrs Grose, la vieille intendante de Bly. C’est tout de même un peu juste.

Dernière pièces du puzzle habituel, la direction de Kazushi Ono ne retrouve absolument pas sa puissance, son intensité ni la profondeur qui habitent celle de son Peter Grimes [lire notre chronique de la veille], dont elle n’est qu’un pâle et stérile reflet.

GC