Chroniques

par bertrand bolognesi

Requiem d’Ockeghem
Meinolf Brüser dirige Josquin Capella

Festival de Pâques / Abbaye royale de Fontevraud
- 4 avril 2007
l'ensemble Josquin Capella donne le Requiem d’Ockeghem à l'Abbaye de Fontevraud
© dr

La série de quatre rendez-vous proposée par l'Abbaye royale de Fontevraud dans le cadre de son Festival de Pâques s'ouvre ce soir par un concert de l'ensemble Josquin Capella qui se produit en France pour la première fois. Se dévouant principalement à la musique de la Renaissance, cette formation de Cologne et son chef Meinolf Brüser ont choisi de donner un programme de Lamentations auquel l'acoustique du réfectoire offre un précieux écrin.

Ce sont d'abord quelques-unes des Lamentations de Costanzo Festa (vers 1480/90-1545) que nous entendons, chaque section s'initialisant par une vocalise sur la lettre grecque correspondant au début du premier vers, chanté en latin. Dès l'Aleph des premiers pas, l'oreille est saisie par le savant équilibre obtenu entre les voix, l'écoute admirant ensuite, dans la seconde strophe (Beth) l'exemplaire gestion de certaines finasseries intervallaires de l'écriture, parfois redoutable. Lamech, la vocalise qui commence la quatrièmeLamentation, permet ensuite de goûter plus précisément la qualité de chaque voix. On remarque au passage la diversité expressive du procédé, quelques lettres s'ornant de copieuses volutes mélismatiques, d'autres s'avérant d'une nuance délicate et plus sobre, d'autres encore s'affirmant dans une plénitude aussi brève que cordiale. Les chanteurs de Josquin Capella s'ingénient à en révéler les inventives subtilités.

Après cela, le Circumdederunt me du Flammand Nicolas Gombert (vers 1495-vers 1560), écrit dans une expression nettement ornementale pour la déploration de Josquin (mort vers 1523), fait figure de « lamentation festive », si l'on peut dire. On en apprécie la magnificence, conclue dans un statisme soudain recueilli.

Suivant fidèlement le menu du disque qu'il enregistrait il y a deux ans (MDG), Meinolf Brüser dirige enfin le Requiem de Johannes Ockeghem (vers 1420-1497), ce grand maître polyphoniste qui fut également chanoine et trésorier de Saint-Martin de Tours (juste à côté) et qu'à sa manière Erasme salua. La réalisation livrée ce soir se montre précise et inspirée, laissant à l'auditoire un souvenir ému.

BB