Chroniques

par gérard corneloup

rencontres inédites
Bach, Dvořák, Elgar et Janáček

Verbier Festival and Academy / Médran
- 28 juillet 2009
vue générale du villafe de Verbier (Suisse) par Bertrand Bolognesi
© bertrand bolognesi

Sans toujours leur lâcher la bride sur le cou, le Verbier Festival and Academy aime donner aux artistes qu’il invite l'occasion de travailler, répéter et jouer ensemble quelques pages de musique de chambre, puisées aussi bien dans le grand répertoire que dans l'immense corpus des œuvres volontiers négligées, voire oubliées.

Qualifiés de Rencontres inédites, ces moments peuvent offrir des moments de pleine communion musicale, de plénitude totale et d'émotion intense jaillissant de la scène et diffusant jusqu'à la salle vers un public alors comblé. C'est le cas d'une interprétation touchée par la grâce du célèbre Quintette pour piano et cordes en la majeur Op.81 n°2 d’Antonín Dvořák réunissant le pianiste Emanuel Ax, les violonistes Joshua Bell et Julian Rachlin, l'altiste Kim Kashkashian et le violoncelliste Micha Maïski. Dès les premières notes du jaillissant Allegro ma non troppo, le ton est donné : celui d'une musicalité extrême et d'une complicité féconde qui vont sceller l'exécution des quatre mouvements, jusqu'à un Allegro final du plus bel effet.

Tout en contraste, le rare Concertino pour piano, deux violons, alto, clarinette, cor et basson deJanáček connaît rarement l'honneur de la scène. Il est vrai qu'il exige la réunion, mieux l'union de sept musiciens excellant à la fois dans l'individualité et dans la complicité. Ils sont présents à Verbier avec Julian Rachlin et Kirill Troussov, Kim Kashkashian, Julian Bliss (clarinette), Zora Slokar (cor) et Maria Wildhaber (basson) qui dialoguent à merveille avec le piano lumineux mais tout de même un peu trop présent d'Angela Hewitt remplaçant au pied levé une plus médiatique consœur.

Cette artiste, bien plus à son aise dans Bach, se révèlera la découverte de la soirée dans une interprétation sans faille et sans sécheresse du Concerto pour clavier et cordes en ré mineur BWV 1052 n°1 du fameux cantor, évidemment donné dans la version pour grand piano à queue… tout aussi évidemment sujette à d'interminables discussions musicologiques.

C'est aussi l'occasion d'entendre les jeunes talents du Verbier Festival Chamber Orchestra (comprendre l'Orchestre de chambre du Festival de Verbier), d'une vitalité et d'une cohésion impeccables, confirmées et encore plus affirmées sous la baguette de son chef Gábor Takács-Nagy dans la (très) longue Introduction et allegro pour cordes op.47 d'Edward Elgar, page pas vraiment impérissable, mais excellemment servie.

GC