Chroniques

par bertrand bolognesi

récital Veronika Skuplik et Andreas Arend
Castello, Falconieri, Kapsperger, Piccinini, Viviani, etc.

Innsbrucker Festwochen der Alten Musik / Nikolauskapelle, Schloß Ambras
- 19 août 2017
La violoniste Veronika Skuplik et le théorbiste Andras Arend à Innsbruck, 2017
© anna perktold

Choisir un lieu pour son format propre à servir un instrumentarium est une qualité esssentielle pour un directeur artistique de festival ; lorsque ce poste est occupé par un musicien, ladite qualité est naturelle. Programmer un récital de violon baroque avec théorbe dans la petite chapelle Saint-Nicolas du château d’Ambras est simplement idéal : le son est serti par un chœur aux proportions raisonnables, et se reflète dans un édifice court et de sage hauteur. Le résultat est un rendu non réverbéré et, pour autant, sans sécheresse.

Intitulé Aria alla ciaccona, le récital que donnent le théorbiste Andreas Arend et la violoniste Veronika Skuplik à l’heure du déjeuner invite la danse obstinée, la méditation psalmodique, voire la pavane intérieure, obsessionnelle. Il est ouvert par une variation de Giovanni Bassano sur un madrigal de Palestrina, Vestiva i colli passeggiato, où la nuance à peine vibrée du son filé articule une inflexion incroyablement vocale. Au pas gentil du Brando d’Andrea Falconieri s’enchaîne la discrète mélancolie de La Monarca, deux pages extraites du Primo libro di canzone, sinfonie e fantasie du Napolitain, de même que l’espiègle Corrente et l’élégante et grave Soave melodia qui convie la rêverie. Ornemental et introspective, la Sonata seconda a soprano solo du violoniste vénitien Dario Castello porte l’écoute vers des temps plus anciens que parfume encore la Renaissance.

Du luthiste et théorbiste bolognais Alessandro Piccinini, Andreas Arend joue en solo une aria di Sarabanda in varie partite qui commence dans une figure d’accompagnement sur laquelle nait une mélodie en ritournelle, bientôt rondeau répété. Nous entendons ensuite deux pages anonymes de la fin du XVIIe siècle puisées dans le Manuscrit de Klagenfurt conservé à Londres. La proposition dynamique de Veronika Skuplik dans la virtuose Suite en sol témoigne d’une louable subtilité interprétative. Récitatif fragmenté, puis danse gracieuse, deux extraits du Libro I d’intavolatura di Lauto de Giovanni Girolamo Kapsberger (1611) font mieux goûter encore la musicalité presque harpistique d’Andreas Arend.

Retour au duo, vers la Toscane de Giovanni Buonaventura Viviani dont nos musiciens donnent la Sonate en sol mineur n°1, pleine d’une lumière aimable. Enfin, ce voyage dans les airs en forme de chaconne prend fin avec un Adagio et une Ciaccona tirés de la Sonate en ré# mineur n°6 de Clemente Matthia ab Ehrenruff, d’une pure délicatesse.

BB