Chroniques

par gérard corneloup

pianistes en fête

Verbier Festival and Academy / Médran
- 27 juillet 2009
le jeune pianiste Alessio Bax au Verbier Festival and Academy 2009
© dr

En seize années, le Festival de Verbier est devenu, dans le cadre magnifique des Alpes suisses, le rendez-vous estival quasiment incontournable pour le gotha des grands solistes internationaux, toutes générations confondues, occasion d'un florilège de concerts donnés devant un public fidèle et distingué, tout aussi international. Ce sérieux adolescent sait aussi pourtant s'abandonner, l'espace d'un soir, à la facétie d'une sorte de « plaisanterie musicale » au cours de laquelle une belle brochette de pianistes, certains habitués de la manifestation, d'autres nouveaux invités, se livrent à la joie de jouer tout un répertoire de transcriptions pour plusieurs pianos et un nombre incalculable de mains. Brio et humour garantis !

Ce fut justement le cas lors de la Nuit des pianistes dont Jean-Yves Thibaudet et Nelson Goerner donnèrent le coup d'envoi avec les Seize valses pour piano à quatre mains Op.39 de Johannes Brahms. Puis des collègues comme Emanuel Ax, Alessio Bax [photo], Julien Quentin, Yupa Wang et Simon Trpčeski se joignirent à l'aventure, clavier alerte et œil complice. La première partie de la soirée comprenait également Paris, suite pour quatre pianos du prolifique sinon toujours très inspiré Darius Milhaud, chromos sonores allant de Montmartre à l'inévitable Tour Eiffel en passant par lesBateaux-mouches. Elle s'achevait avec entrain, sinon une cohésion extrême, par Tritch-Tratsch Polka Op.214 et la Marche de Radetzky Op.228 adaptées de Johann Strauss, ainsi que par une adaptation d'extraits puisés dans l'ouverture du Guillaume Tell de Rossini… et audacieusement transcrits pour quatre pianos. Plus homogène, le second volet du concert était centré sur les inusables Quatre Saisons de Vivaldi, lesquelles ont plutôt bien résisté à la transcription (toujours pour quatre pianos) de Nicolas Economou, jouée avec l’humour décalé qui convenait.

La musique faisant ce soir là la fête, plusieurs musiciens « de passage », tels que le violoniste Joshua Bell, le violoncelliste Micha Maïski et le pianiste Evgueni Kissin, vinrent ensuite terminer la soirée sur scène pour un bis étonnant : une petite pochade musicale du compositeur (et pianiste) Rodion Chtchédrine, présent dans la salle – après quoi un bis du bis, lui-même « rebissé » dans sa coda, reprenant quelques thèmes de la Carmen de Bizet, concluait dans la joie et la bonne humeur ce concert vraiment pas comme les autres.

GC