Chroniques

par bertrand bolognesi

Orchestre du Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg
Valery Gergiev joue Raskatov, Sibelius et Chostakovitch

Théâtre du Châtelet, Paris
- 31 janvier 2003
le violoniste Nikolaï Znaider joue le Concerto Op.47 de Sibelius
© dr

Changement de menu pour ce concert du Mariinski qui annonçait une version pour alto et orchestre de la Sonate Op.147 de Chostakovitch, l’un de ses deux Concerti pour violon par l’incomparable Vadim Repin, et la Symphonie n°4. Si cette dernière est maintenue, est en revanche créée une pièce pour alto et orchestre de Raskatov par Yuri Bashmet, tandis que sera donné le concerto de Sibelius par le violoniste Nikolaï Znaider [photo]. C’est donc un programme copieux qu’offre un Valery Gergiev en pleine forme, comme une respiration au milieu du beau cycle d’opéras qu’il dirige ici même durant une quinzaine de jours.

Chemin est écrit spécialement pour le Mariinski et dédié à ses créateurs Yuri Bashmet et Valery Gergiev. Il s’agit d’un d’hommage à Chostakovitch, sans jamais utiliser de citation directe ni de « clin d’œil ». L’esthétique d’Alexander Raskatov est héritière de celle du grand compositeur soviétique, mais aussi de Sofia Goubaïdoulina (dont nous entendions au Châtelet la Passion par le même chef la saison dernière), tut en flirtant légèrement avec celle des compositeurs baltes contemporains. Elle est donnée avec engagement et précision, Bashmet soignant tout particulièrement son phrasé et distillant des pianississimi savants. Ses premier et dernier mouvements (il y en a cinq en tout) invitent au recueillement et à la méditation.

L’interprétation du Concerto en ré mineur Op.47 de Jean Sibelius s’avère moins heureuse. Le soliste et l’orchestre n’y semblent pas en totale intelligence. Nikolaï Znaider y livre un son aigrelet – ou aigre laid, comme l’on voudra – si obstinément zingaro que jamais l’on n’entend une seule note juste. Aussi est-on presque heureux qu’il ne joue point trop fort, ce qui permet d’espérer l’oublier. Le chef passe son temps à attendre les interminables dénouements des nombreux rubati du soliste, si bien que l’œuvre paraît décousue, chargée d’effets vulgaires jusqu’à la nausée, sans goût ni style. Bref, un moment pénible.

Avec la Symphonie en ut mineur Op.43 n°4 de Dmitri Chostakovitch, nous retrouvons les grandes qualités de l’Orchestre du Théâtre Mariinski et de son chef qui en signe une lecture tendue, alerte et de notable précision, réunissant avec bonheur la gravité de la version de Chung, le nerf de celle de Mravinski, la puissance de Kondrachine. Loin d’être simple, cette partition exige des solistes habiles à plusieurs pupitres et nécessite un grand effectif qu’il n’est pas aisé de dynamiser et d’équilibrer. Mises à part de rares approximations des flûtes et des violoncelles, l’interprétation de ce soir affirme une grande classe.

BB