Chroniques

par marc develey

Olivier Baumont joue Bach

Église des Billettes, Paris
- 25 novembre 2005

Des six Suites françaises de Johann Sebastian Bach données par Olivier Baumont à l'Église des Billettes, nous choisirions volontiers de n'en retenir qu'une seule, en sol majeur BWV 816 n°5. Jouée en seconde partie de soirée, elle révèle le meilleur de l'artiste : discret rubato de l'Allemande, basses chantantes et sobrement articulées de la Courante, Gavotte alerte et rebondissant, toute traversée de piqués précis et de legati liquides. Souvenir d'une série de moments dansants, dans un style français, moins recherché sans doute que celui qu'on connaît à de récents enregistrements (Christophe Rousset, Blandine Ranou), mais fort appréciable par l'élégante discrétion de sa rhétorique.

Si deux des cinq autres Suitesen mi bémol majeur BWV 815 n°4 et en mi majeur BWV 817 n°6 – bénéficient d'une même délicatesse de jeu, avec peut-être un peu moins de présence ; nous resterons plus réservés quant aux trois premières. Données en début de récital, elles ont souffert d'un son un peu absent, de traits répétitifs, d'une articulation souvent molle, d'une ornementation brouillonne et, plus encore que les trois suivantes, d'imprécisions de toucher. Pas plus un certain allant, qu'on a pu retrouver dans le Menuet de la Suite en ut mineur BWV 813 n°2, que l'inventivité percussive de l'Anglaise de la Suite en si mineur BWV 814 n°3, ne peuvent réellement sauver l'ensemble de l'ennui.

À cet étrange contraste entre les deux parties de concert, il y va sans doute de quelque condition contingente – son rendu fuyant par l'ouverture incomplète du couvercle de l'instrument durant le premier épisode de soirée, sa faiblesse, aussi, dans le registre aigu ; la possible gène de l'artiste, ce soir-là, avec la modalité mineure des premiers numéros ; ou encore le froid excessif à l'extérieur de l'Église… Il y a plus, sans doute. Comment expliquer, sinon, pourquoi les deux bis accordés – une reprise de la Sarabande et la Gavotte de cette Suite n°5, pourtant si bellement exécutée quelques minutes auparavant –, ont ravivé les défauts qui avaient présidé à l'ouverture du concert ? Et ces deux pièces, comme trop hâtivement exécutées, referment la soirée sur une déception.

MD