Chroniques

par richard letawe

Marie Hallynck et le Quatuor Talich
Leoš Janáček et Franz Schubert

L’Été Musical d'Horrues / Église Saint Martin
- 17 juin 2007

L'Été musical d'Horrues en est à sa quinzième édition et, comme d'habitude, réunit un plateau fort intéressant qui mêle artistes reconnus de renommée internationale et jeunes talents. Ouvert par les récitals de Piotr Anderszewski et Bertrand Chamayou, le festival s'est poursuivi avec la venue du flûtiste Berten D'Hollander qui présentait en première européenne la reconstruction du Concerto pour flûte de Tchaïkovski. Pour clore sa première semaine, la manifestation accueille un habitué des lieux : le légendaire Quatuor Talich, dans sa formation rajeunie pendant les années 1990 – Jan Talich et Petr Macecek aux violons, Vladimír Bukač à l'alto, et Petr Prause au violoncelle.

Les musiciens tchèques proposent un programme copieux qui débute par les deux quatuors de Janáček. Ils en donnent une interprétation âpre, tendue et passionnée qui traduit avec un constant souci d'expressivité, mais également beaucoup de rigueur, les tourments de cette musique si personnelle. Leur jeu est puissant et musclé, la sonorité sèche. Ils accentuent les surprises et les ruptures de ces partitions, insistant sur leurs dissonances et les rudesses, sans aucune intention de séduire l'oreille. Cette vision fort aboutie, naturelle et évidente, bénéficie de la cohésion de l'ensemble qui fait véritablement bloc, chacun de ses membres s'engageant à fond dans une exécution qui met tout instrument sur le même pied.

Les Talich sont ensuite rejoints par la violoncelliste Marie Hallynck avec laquelle ils se lancent dans le Quintette en ut majeur D.956 de Schubert. L'impression laissée par cette seconde partie n'est pas si positive, car l'homogénéité instrumentale est moins constante, avec un premier violon hésitant, des phrasés peu inspirés et une justesse précaire. Les deux mouvements extrêmes posent le plus de problèmes : l'Allegro non troppo part pourtant bien, dans un climat doux et pondéré, plutôt intéressant, mais la suite manque de souffle, d'élan symphonique, et les sonorités sont bien ternes. Quant à l'Allegretto final, il est enlevé avec énergie, mais reste marqué par les approximations du premier violon. Les mouvements centraux sont plus réussis, surtout le sublime et toujours très émouvant Adagio dans lequel Jan Talich se montre à la fois sobre et inspiré, enfin pleinement maître de son instrument.

Dans ce contexte un peu morose, Marie Hallynck (qui a joué cette œuvre très souvent) ne ménage pas ses efforts pour insuffler de l'enthousiasme et s'intégrer dans le jeu de ses partenaires. Elle trouve peu d'échos chez ceux-ci, si ce n'est auprès de son collègue violoncelliste, l'excellent Petr Prause qui, avec l'altiste Vladimír Bukač, est l'élément le plus constant et le plus précieux de ce quatuor. On attendait mieux.

RL