Chroniques

par laurent bergnach

les voix de Thomas Adès
Lionel Sow dirige le Chœur de Radio France

Présences / Radio France, Paris
- 10 février 2007
le comositeur brutannique Thomas Ades, photographié par Brian Voce
© brian voce

Du travail de Thomas Adès, Simon Rattle souligne « le sens de la profondeur et de la noirceur, dissimulé sous une légèreté dansante ». À trente-six ans, le Britanniqueest le plus jeune compositeur auquel Présences aura consacré une édition. Parmi les vingt-trois œuvres variées inscrites au sommaire de ce dix-septième rendez-vous, nous entendons trois pièces pour voix et piano (avec le compositeur au clavier) auxquelles s’intercalent deux courts morceaux pour chœur.

« Now the cold harms what is tender, and winter hurts the bird... » Ainsi commence The Lover in Winter (1989), l’une des premières compositions d’Adès, où le texte en latin médiéval est traité de façon expressive, avec force ou douceur. Habitué aux rôles baroques (Orlando, Tamerlano, etc.) le contre-ténor William Purefoy séduit par un timbre corsé et une égalité sur toute la tessiture. Five Eliot landscapes est une réaction romantique à des textes mineurs du poète cité dans le titre. La composition cache dans ses replis une ingéniosité discrète, une spontanéité maîtrisée et même quelques chants d’oiseaux, en hommage à Messiaen. Les notes tenues, récurrentes dans ce cycle d’un quart d’heure, sont assurées par le soprano Rebecca Bottone. La voix est saine, les suraigus parfaitement maîtrisés et l’ensemble ne manque pas d’impact, mais la couleur est assez limitée, presque métallique.

Enfin, Life Story (1993), écrit pour le Mary Wiegold's Songbook, s’appuie sur un texte tragi-comique, trivial et tendre, qui décrit un couple qui vient de faire l’amour sans vraiment se connaître. « Et puis ? Eh bien, l’un des deux s’endort, et l’autre en fait autant, avec une cigarette allumée aux lèvres, et c’est comme cela que l’on meurt brûlé vif dans une chambre d’hôtel ». Habituée au spectacle de cabaret autant qu’à la musique contemporaine, vêtue d’un pantalon noir, d’un manteau de velours rouge, le soprano Mary Carewe, micro en main, interprète avec ce qu’il faut d’expressivité et de cabotinage cet Opus 8A teinté de références au jazz, au piano-bar et à la comédie musicale.

Composé sur un texte de l’époque Tudor pour une célébration de Noël à Cambridge en 1997, The Fayrfax Carol joue avec la notion de canon et de mélodie circulaire, certes nuancé mais un rien sirupeux. Plus prenant s’avère January Writ, composé dans la même lignée et à peine plus long : le relief y est mis sur les différentes tessitures du Chœur de Radio France, clairement dirigé par Lionel Sow et accompagné par les murmures d’orgue d’Yves Castagnet.

LB