Chroniques

par gérard corneloup

Jean Tubéry dirige La Fenice
odes royales d’Henry Purcell

Festival international d'opéra baroque de Beaune / Basilique Notre-Dame
- 5 juillet 2009
Jean Tubéry joue Purcell au Festival international d'opéra baroque de Beaune
© philippe matsas

En matière musicale, la reine Mary, souveraine britannique de la fin du XVIIe siècle, eut singulièrement de la chance : par six fois son compositeur favori Henry Purcell composa, à l'occasion de son anniversaire une Ode pour solistes, chœurs et orchestre du plus bel effet. Corollaire quasiment obligé de la chose : quand la monarque disparut en décembre 1694, emportée par la variole, c'est encore le musicien qui écrivit la musique qu’on jouerait à ses obsèques. Ces œuvres, voisines par la forme sinon par l'esprit, sont volontiers associées au concert et, pour sa part, le Festival international d'opéra baroque de Beaune réunit l'Ode anniversaire écrite en 1693 – à coup sûr l'un des plus belles –, la musique funèbre ainsi que des extraits du semi-opéra King Arthur.

Soyons net : si Mary II eut beaucoup de chance avec Henry Purcell, elle en a beaucoup moins avec le chef Jean Tubéry, malgré les indéniables qualités des chanteurs et musiciens de l'ensemble La Fenice. Jouer cette musique, par définition solennelle, avec une petite dizaine de musiciens, c'est lui enlever bien de la chair et beaucoup de substance. Faire chanter les parties solistes par le petit effectif choral oblige à une continuelle transhumance des chanteurs d'un bout de la scène à l'autre (ce qui ne va pas sans heurts… au propre comme au figuré). Vouloir à la fois assurer la direction, avec une gestuelle très développée sinon des départs parfaitement indiqués, tout en jouant (avec une pétulante présence scénique, il est vrai) de la flûte à bec et du cornet, brouille les cartes, ébrèches les rythmes et déconcentre visiblement les musiciens dans leurs attaques. Enfin, lors de l'Ode funèbre, faire revenir en procession les chanteurs que l'on a vu sortir juste avant dans le désordre n'apporte pas le cérémonial Westminster fashion qu’aurait pu atteindre la partition avec un effectif plus important.

Après des applaudissements nourris et des saluts qui le sont plus encore, le chef-flûtiste offre en bis un duo extrait de The Tempest du même Purcell, dont une partie conclut finalement la soirée en bis du bis.

GC