Chroniques

par bertrand bolognesi

Israel in Egypt | Israël en Égypte
oratorio HWV 54 de Georg Friedrich Händel

Rencontres musicales de Vézelay / Basilique Sainte Marie-Madeleine
- 22 août 2009
Pierre Cao, maître d’œuvre des Rencontres musicales de Vézelay
© sébastien boulard

Pardonnez-nous d’une nouvelle fois vous entretenir d’acoustique, mais la surprise est si grande de trouver celle de la Basilique tant différente chaque soir qu’il conviendra de l’évoquer pour ce qu’elle participe forcément de notre appréhension des concerts.

Pour son Israel in Egypt (qu’il redonnera à Pontoise le 11 septembre, à Paris le 19 octobre au Théâtre des Champs-Élysées), Pierre Cao, maître d’œuvre des Rencontres musicales de Vézelay dont il fête le dixième anniversaire, a choisi une configuration de scène particulière où deux chœurs se font face en haies latérales, de part et d’autre de l’orchestre dont seul un rang de cordes les bordent. Ainsi sertie, la masse instrumentale s’équilibre, y compris dans les pages plus chargées, et tout donne à penser que la densité des corps des choristes filtre ce qui doit l’être, épongeant avantageusement ce que les attaques de cuivres pourraient avoir d’incongru sous la voûte. Indéniablement, Pierre Cao maîtrise les lieux, jouant en toute connaissance de cause sur ricoches et absorptions.

En présentant cet oratorio composé vingt ans après La Resurrezione entendu jeudi et dix ans avant Theodora joué vendredi, le festival permettra d’appréhender le chemin parcouru par Händel qui, en 1739, signait cette œuvre dont le personnage principal est incontestablement le chœur, développant une riche diversité de caractères. Sans en affirmer excessivement la solennité, sans non plus céder aux séductions d’une certaine théâtralité [lire notre chronique du 4 novembre 2005], Pierre Cao ancre sa version d’Israel in Egypt dans une belle ferveur, profitant des forces talentueuses de son Arsys Bourgogne, en gourmand cependant sage. Le résultat est saisissant, comme l’auront pu goûter les auditeurs de Radio Classique qui donnait ce concert en direct sur les ondes.

Quant au plateau vocal, dont les interventions demeurent ici sporadiques, s’y firent remarquer le contreténor Andrew Radley, la basse Ekkehard Abele, le soprano norvégien Siri Karoline Thornhill et, surtout, l’excellent James Oxley, ténor clair avantageusement impacté, au chant toujours habile, souple et élégant.

BB