Chroniques

par gérard corneloup

Händel et Vivaldi
Valer Barna-Sabadus, sopraniste

Riccardo Minasi dirige Il Pomo d’Oro
Nuits musicales d’Uzès / Cathédrale Saint Théodorit
- 22 juillet 2014
le jeune contrténor roumain Valer Barna-Sabadus aux Nuits musicales d'Uzès
© christine schneider

Musique profane ou musique sacrée ? Musique de théâtre ou d’église ? Prolifique en ces matières, le monde baroque regorge d’œuvres diverses autant que variées qui puisent à la fois dans les auteurs antiques (grecs comme latins), base de la culture occidentale classique, et dans les textes sacrés des églises chrétiennes – en fait, non pas deux mais une seule source de bien des inspirations artistiques. Musique savante, variée dans son inspiration comme dans son expression, où le concertant occupe une place de choix, où le théâtral se mêle à la méditation. L’ornementation glisse vers l’arioso, le solo voisine avec l’ensemble.

Deux compositeurs aussi célèbres en leur temps et aujourd’hui à nouveau très souvent joués, fort présents dans les rubriques discographiques et festivalières, illustrent particulièrement la chose : ces deux grands maîtres que furent Antonio Vivaldi et Georg Friedrich Händel. Au cœur de leur quarante-quatrième édition, les Nuits musicales d’Uzès leur consacrent une soirée, mettent en parallèle quelques motets et différentes aria empruntées à la scène lyrique, où la bravoure le dispute à la virtuosité. Né en Roumanie d’un père roumain et d’une mère d’origine allemande, le jeune contreténor Valer Barna-Sabadus s’est formé à la Hochschule für Musik und Theater de Munich. Placés sous la direction du violoniste Riccardo Minasi, les musiciens de l’ensemble Il Pomo d’Oro, en petite formation, sont ici ses compagnons de route.

Le célèbre psaume Nisi Dominus du Vénitien (virtuose de l’archet, lui aussi) ouvre ce concert donné dans le cadre acoustiquement fort adéquat de la cathédrale Saint Théodorit. D’emblée il en affiche la couleur et l’esprit. Des airs comme Vedro con mio diletto de l’opéra Il Giustino et Gelido in ogni vena de Farnace du même Vivaldi, mais aussi Gran tonante du Parnasso in Festa [lire notre critique du CD] et Perdere il bene amato de Deidamia de Händel [lire notre chronique du 11 juin 2003] offrent un tremplin peut-être un peu trop homogène, mais qui fait apprécier, voire savourer les qualités vocales de Valer Barna-Sabadus : chant souple et délié, juvénile et bien timbré, ligne sûrement posée et soigneusement menée, expressivité sincère, enfin un art de la demi-teinte servi par des aigus jamais durs ni acides – voilà un artiste qui comptera dans la sphère « baroqueuse » et que nous suivons avec grand intérêt [lire nos chroniques du 9 juillet 2013 et du 14 août 2012].

Les instrumentistes d’Il Pomo d’Oro offrent un adroit mélange de suivis et d’élans, bien coordonné et ciselé par la direction attentive de Riccardo Minasi, également soliste très à l’aise dans un bref concerto vivaldien.

GC