Chroniques

par david verdier

Concerto pour piano en ut mineur Op.37 n°3 de Beethoven
Jean-Efflam Bavouzet, Danielle Gatti et l’Orchestre National de France

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
- 7 avril 2011
le pianiste jean-Efflam Bavouzet photographié par J. Henry-Fair
© j.henry-fair

Le choix du Concerto pour piano en ut mineur Op.37 n°3 de Beethoven en guise d'ouverture ne pèche pas par son originalité, loin s'en faut. Ce n'est pourtant pas ce qui a provoqué l'agitation d'une certaine partie du public, en majorité des scolaires venus avenue Montaigne contraints et forcés par quelques enseignants de musique ayant trop présumé de leur capacité de concentration. Pour revenir à Beethoven, il y a fort à parier que Jean-Efflam Bavouzet ne soit pas l'interprète le plus iconoclaste que nous connaissions dans ce répertoire. La variété des nuances est fort policée et le toucher très convenu, sans qu'on puisse toutefois lui reprocher ce qui chez d'autres se rapprocherait aisément de la mièvrerie (on ne citera personne). Le mouvement lent reste le passage le plus intéressant de cette interprétation, surtout si l'on considère le jeu de question-réponse entre le soliste et l'orchestre juste avant l'explosion finale, brillamment menée par Gatti.

La Suite du Rosenkavalier de Richard Strauss et La Valse de Ravel figuraient déjà au programme de l'Orchestre National de France dans cette même salle il y a deux ans. Dans Strauss, la battue de Daniele Gatti se fait à plusieurs reprises assez routinière, et il y a peu à parier que cet enchaînement de valses très bonbons et crème fouettée trouvera son public outre-Atlantique lors de la tournée qu'entame notre phalange. Les cuivres achoppent à plusieurs reprises sur les diaboliques changements de tonalité, tandis que la petite harmonie limite les dégâts en jouant à fleur de notes ce qui, d'ordinaire, mérite d'être emporté par un flux expressif ininterrompu propre à la scène.

À choisir, il faut bien se rendre à l'évidence et considérer que Ravel sied mieux au niveau technique actuel de l'orchestre. Sans parler d'ivresse pour autant, on a le sentiment que cette célébrissime page trouve rapidement sa vitesse de croisière. Ce qui manquait au Chevalier à la Rose s’y libère parfaitement – à savoir, un sens de la couleur et une mobilité rythmique assez impressionnante. Quelques grincheux objecteront que La Valse de Ravel est difficilement « ratable » ; on se rangera sans réticence du côté de ceux qui apprécièrent cette grande course vers le fracas final.

DV