Chroniques

par gérard corneloup

Cinquième concerto de Mozart par Arabella Steinbacher
Neuvième symphonie de Bruckner par Marek Janowski

Auditorium Maurice-Ravel, Lyon
- 1er février 2014
le chef allemand Marek Janowski dirige pour un soir l'Orchestre national de Lyon
© felix broede

Le couplage choisi, qui associe le Mozart volubile, subtil et volontiers arachnéen du Concerto pour violon en la majeur K.219 n°5 au Bruckner imposant, dramatique, crépusculaire et disons « copieux » de son ultime et d’ailleurs inachevée Symphonie en ré mineur n°9, pose d’emblée un problème : le même orchestre, allégé d’un côté, délibérément à plein effectif de l’autre, va-t-il réussir à restituer, défendre, illustrer, bref servir au mieux, ces deux univers musicaux, ces mondes sonores à des années lumières l’un de l’autre ?

Présentement, la réponse est oui. Sans faiblesse, sans esquive, sans décalage aucun, avec la même unité et la même musicalité pour Amadeus que pour Anton, sous la direction aussi rigoureuse et fluide, vivante que vibrante, changeante que synthétique d’un « manager » aussi à l’aise dans un cas que dans l’autre : Marek Janowski.

Dès l’Allegro aperto du concerto mozartien, le ton est donné, l’équilibre est établi entre le chef et les instrumentistes. Le contact est immédiat, la complicité est là, féconde, faisant merveille dans l’Adagio central puis dans le conséquent Rondeau final. Il est vrai qu’un troisième partenaire est de la partie, avec un mélange bien dosé et parfaitement maîtrisé d’expressivité et de virtuosité, en la personne de la jeune violoniste Arabella Steinbacher, à qui il manque simplement un peu de chaleur dans les élans d’archet.

Même complicité et même « efficacité créatrice » dans les copieux effluves de l’ultime fresque symphonique brucknérienne. Depuis les fameux appels des huit cors (pas moins !) ouvrant les vannes du solennel et mystérieux premier mouvement (Feierlich, misterioso), jusqu’aux élans tour à tour moirés, sombres et solennels du fameux « adieu à la vie » final (Adagio. Langsam, feierlich), après être passé par les sonorités acerbes et obsédantes du Scherzo central. Et là aussi, la direction aussi fédérative que créative du maestro fait merveille, alors qu’à chaque instant l’Orchestre national de Lyon répond présent.

GC