Chroniques

par bertrand bolognesi

Celebrate this festival !
Jean Tubéry et Graham O’Reilly

Festival d’Ambronay / Abbatiale
- 14 septembre 2007
Jean Tubéry joue Purcell et Händel au Festival d'Ambronay 2007
© jérémie kerling

Music for a while… C’est ainsi qu’Alain Brunet, directeur du Festival d’Ambronay, intitule l’édition 2007, soit la vingt-huitième, partant qu’après « des regards plus méditerranéens, par le passé, nous irons cette fois vers les îles britanniques, principalement, mais aussi les pays du Nord, où une personne sur dix a une pratique du chant choral » – en France, compter une sur cent mille. Le chef australien Graham O’Reilly, coiffant une casquette de conseiller artistique, se met au service de cette programmation dont la complétude frappe d’emblée. Dunstable, Carver, Taverner, Tallis, Tye, Parsons, Byrd, Holborne, Philips, Dowland, Hume, Weelkes, Deering, Gibbons, Locke, Blow, Ó’Cearbhalláin, Purcell, Händel et Avison, tous les anciens sont là, et même les plus récents Stanford et Harris qu’on ne s’attendrait pas à rencontrer ici. Et, parce que la musique ne se fait pas exclusivement dans les temples, le Théâtre du Globe, chapiteau rebaptisé chaque année en fonction du thème investi (ici en hommage à Shakespeare), présente de nombreux concerts celtes, entre Irlande, Bretagne et Angleterre, en passant par la Galice et Terre-Neuve.

Tout naturellement, la musique de Purcell ouvre la fête.
À la tête des artistes du Chœur de Chambre de Namur et des musiciens de La Fenice, le toujours pertinemment énergique Jean Tubéry conduit un Celebrate this festiva ! fort d’à-propos. L’on y goûte des voix féminines assez épicées où se remarquent l’excellente Aurore Bucher (Kindly treat Maria’s day), la basse incisive de Benoît Giaux (Expecting Spring at the last is come), mais surtout l’alto avantageusement coloré de Renaud Lipathi (Crown the altar) qui livre un Return, fond Muse d’une tendresse indicible.

Suivent quelques pages destinées à King Arthur dont le chef intériorise savamment la pompe, dès la leste Chaconne. Les Hornpipes sont au rendez-vous d’un british festival qui ne saurait s’en passer ! L’accelerando final gagnerait peut-être à s’accuser plus.

La seconde partie du concert est entièrement consacrée à la Queen’s funeral music, écrite pour cette même reine Mary dont Purcell célébrait l’anniversaire avec la pièce introductive. Jean Tubéry offre un véritable rituel funèbre, avec cet art de la spatialisation des voix dont il a le génie. Après que les basses de violes ont installé une gravité nouvelle, l’entrée du chœur (Man, that is born of a woman) s’avère saisissante, imposant bientôt une solennité recueillie (In the midst of life). L’on ne manquera pas de saluer la gestion exemplaire de la redoutable harmonie du duetto féminin (Elegy upon the death of Queen Mary), mais aussi les prestations du ténor Benoît Porcherot et de Lionel Meunier, basse souplement phrasé.

BB